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Extrait du livre :

Sur la façade des prisons que les Génois avaient fait construire, on lisait le mot liberté. Ce n'était point là, comme on pourrait le croire, une inscription ironique. Cela signifiait simplement que l'emprisonnement des malfaiteurs assure la liberté des honnêtes gens. Les prisons d'aujourd'hui ne ressemblent pas plus aux prisons d'autrefois que la justice des temps passés ne ressemble à celle de notre temps, et, quoiqu'il reste encore bien des progrès à faire, ceux qui lentement et trop parcimonieusement ont été accomplis sont déjà considérables. La liberté individuelle, garantie par une série de lois intelligentes, n'est plus à la merci du bon plaisir ; les lettres de cachet ont disparu dans les premiers jours de la révolution, pas sitôt qu'on le croit cependant, car la dernière dont on ait gardé le souvenir fut lancée par le roi en 1790 contre un nommé Fontalard, qui fut enfermé au grand hôpital. Ce n'était point seulement pour causes politiques que des détentions arbitraires étaient indéfiniment prolongées, les causes criminelles n'étaient point mieux traitées, et les prisonniers qui aspiraient au jour de la délivrance fixé par le jugement même dont ils avaient été frappés comptaient souvent plusieurs années avant de voir s'ouvrir devant eux la porte des geôles où ils croupissaient. Pour conserver en dehors de tout droit les « gens de force » à bord des galères, on invoquait la raison d'état ; la marine manquait de bras, et il fallait lui en fournir. Colbert, malgré, la grande renommée qu'il a conservée, fut un de ces durs partisans d'iniquité qui, réfractaires à l'idée de justice, maintenaient sous le bâton de la chiourme de misérables contrebandiers, de pauvres faux sauniers dont la peine était expirée depuis longtemps. Les documents officiels abondent, et prouvent que ces erreurs volontaires rentraient dans un système préconçu. Un état du 4 août 1674 démontre que, sur 103 forçats libérés parce qu'ils sont invalides, 22 « avaient servi de quinze à vingt ans au-delà de leur condamnation. » En cela, Colbert suivait une tradition léguée par les rois de France. Henri IV lui-même, le roi « de la poule au pot, » par lettres patentes du 6 juin 1606, recommandait de garder les forçats pendant six ans, « nonobstant que les arrêts fussent prononcés pour moins de temps. »

Telle était donc la façon dont la vieille monarchie française envisageait ce qu'il y a de plus sacré au monde, la liberté humaine
. L'homme une fois arrêté, -- criminel ou non, -- devenait une sorte de bétail, moins que cela, une chose qu'on jetait dans un trou, pêle-mêle avec des misérables, des fous furieux, de la vermine et des immondices. Ces cachots, ces géhennes, ces impasse, étaient des caves sans air et sans jour ; des gens s'évanouirent en y pénétrant ; d'autres y moururent et s'y décomposèrent, ajoutant pour les survivants l'horreur du sépulcre à l'horreur de la prison. -- Comme nourriture, le pain noir et l'eau ; comme traitement, le fouet. A Saint-Lazare, à l'hôpital général (Salpêtrière), à Bicêtre, on fouettait : qui ? les condamnés ? Non pas, mais les prévenus et même les malades. Beaumarchais s'est toujours défendu d'avoir été soumis à ce traitement ignominieux, et cependant rien ne prouve qu'il ait pu se soustraire à une règle générale. Pour lit, on avait de la paille qui promptement devenait du fumier ; des arrêts de règlement du 10 décembre 1665, du 15 janvier 1685, du 18 juin 1704, du 1er septembre 1717, disent que « les geôliers sont tenus de donner de la paille fraîche tous les mois pour les cachots clairs, tous les quinze jours pour les cachots noirs. » Dans son Histoire du Châtelet de Paris M. Ch. Desmaze, conseiller à la cour impériale, cite une description du For-l'Évêque trouvée par lui dans un « projet concernant l'établissement de nouvelles prisons dans la capitale, » manuscrit rédigé par un magistrat du xvii e siècle.

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  • Publication Date: October 26, 2015
  • Text-to-Speech: Enabled
  • Lending: Enabled
  • Print Length: 46 Pages
  • File Size: 2,197 KB

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